S’améliorer et se donner des solutions pour y arriver

ou lorsque l’anxiété l’emporte sur le rationnel

Le fils d’une amie était triste la semaine dernière à cause de la façon dont il a agi. Il a peur pour son avenir qu’il disait. Il a peur de ne pas réussir à s’améliorer, ne pas savoir se contrôler et devenir une mauvaise personne. Pourtant il est un garçon avec beaucoup de potentiel. Sauf qu’il fait de l’anxiété. Il n’a aucun diagnostic. Ça ne fait pas de lui un enfant sans difficulté. Seulement un enfant sans diagnostic. Mais il ne «fit» pas dans le moule. Ses professeurs sont souvent sur son dos et il est anxieux à cause des réactions que sa manière d’être génère. Il en est conscient. Mais il n’arrive pas toujours à se contrôler. Mais c’est normal. C’est un enfant. Je connais des adultes qui n’y arrivent toujours pas, mais qui n’en sont pas toujours aussi conscients que ce jeune garçon.

Si j’ai un mot à dire à ce charmant, surprenant, intelligent jeune homme, c’est qu’il faut garder espoir, continuer à travailler sur soi, rester le plus positif envers soi qu’on le peut et on verra des changements. La peine, la colère, la peur et autres émotions font aussi partie de nous. Il ne faut pas les ignorer, les camoufler et les bloquer. Il faut seulement apprendre à cultiver les aspects positifs de notre vie et se concentrer sur les choses sur lesquelles nous avons le contrôle.

La vie est parsemée d’obstacles, de difficultés et de belles surprises. Il est beaucoup plus facile de se concentrer sur les obstacles par contre. Les émotions engendrées par notre anxiété sont fortes. Elles nous figent dans le temps. Soudainement il n’y a plus rien autour qui existe autre que ce problème. Avec les années j’ai appris à lâcher prise. Pour moi ce fut dans la mi-vingtaine, car je ne savais pas comment m’aider moi-même. À force de me tenir avec un entourage positif, j’ai fini par développer des astuces.

La première. J’ai commencé à me demander «ai-je le contrôle sur ce qui se passe?», «Est-ce que hyperventiler fera que le métro ou l’autobus  ne sera plus en retard?». Évidemment, la réponse est non. Je n’ai pas de contrôle sur l’autobus qui est en retard et hyperventilé ne la fera pas miraculeusement arriver à l’heure. Je suis devenue conciliante. Et en second lieu, j’ai appris à partir un bus plus tôt.

Si je me trouve devant un problème, j’essaie de ne pas paniquer (facile à dire, mais pas si facile à mettre en pratique). Pourquoi? Car à partir du moment où je panique, je n’ai plus accès à la rationalité. Je n’ai donc plus accès aux solutions. Je sais qu’il y a des solutions, donc j’ai intérêt à me calmer et reprendre mes sens. L’anxiété empêche d’avancer. La solution n’est pas toujours pour le moment présent, parfois c’est de pouvoir prévoir pour la prochaine fois. Être en retard a été longtemps l’une de mes plus grosses angoisses. Je n’ai pas la notion du temps. Mais j’ai réussi à me désensibiliser. Je suis beaucoup moins souvent en retard, je suis même souvent trop en avance. Mais que puis-je faire si je suis trop d’avance? Je peux lire un texte, un livre, mon «feed» Facebook, jouer avec mon 3DS, écouter de la musique, planifier ce que je ferai dans les prochains jours, dessiner, etc. Mais je ne suis pas en retard et je n’angoisse pas.

Nous n’avons pas le contrôle sur tout ce qui se passe à l’intérieur de nous, mais qu’en est-il pour ce qui surgit à l’extérieur? Nos gestes, nos paroles?

Dans le cas du fils de mon ami, on parlerait d’impulsivité. Parfois on a l’impression de ne pas être en contrôle de ses actions. On pourrait dire des sauts d’humeur. Mais qu’est-ce qui cause ses actions, ces mots et ces maux! Comment l’environnement est en cause? L’enfant apprend à gérer ses émotions. Cela fait partie de son apprentissage. Souvent ce qui déclenche ces réactions ce sont les gens qui crient, la télé qui fait du bruit, ou un petit frère, un conjoint, les obstacles que nous rencontrons sur notre parcours, un échec qui nous affecte tout particulièrement. Mais même une réussite peut devenir un déclencheur. Je me souviens, pour moi plus jeune, lorsque je devenais trop heureuse, je perdais le contrôle. Comme un enfant tsé. Vous connaissez les enfants? Bien ça perd le contrôle parfois lorsqu’ils ont trop de plaisir. J’étais grondé parfois lorsque je devenais trop intense pour mon entourage. Même ces moments de joie devenaient alors un problème qu’il fallait contrôler. Comme le fils de mon ami, je tombais dans un état d’anxiété. Je me faisais peur. Je déplaisais à mon entourage. J’avais de la peine. De la rage.

Mais nous pouvons aider nos enfants, nos amis, nos proches à trouver des moyens d’apprendre à mieux gérer leurs émotions et actions. Ça prend beaucoup d’amour, de la patience et du temps.

Un entourage compréhensif, présent et à l’écoute. Je ne me serais pas améliorée sans que des gens proches de moi m’est aider. Cependant, comment ils ont fait? Et qu’est-ce qui a fonctionné et qu’est-ce qui n’a fait qu’empirer.

L’entourage. Les amis que nous choisissons, les membres de la famille avec qui nous décidons de garder contact, les collègues avec qui nous développons des affinités et ceux avec qui nous préférons garder nos distances. Tous ces éléments sont responsables à différents degrés de la façon dont nous réagissons avec le monde. Si l’entourage est bienveillant, notre comportement a plus de chance d’être positif. Par contre, si notre entourage nous agresse, il est normal que nous devenions facilement réactifs à ce qui nous est dit et fait. Je ne parle pas seulement d’agressions occasionnelles, mais de microagressions répétitives et régulières. D’où l’importance de choisir son cercle social.

Pour un enfant ce n’est pas aussi facile. Il n’a pas le choix de sa famille, il n’a pas autant de choix de ses amis/collègues. Mais surtout, il n’a pas conscience des choix qu’il a.

L’école. Au primaire, ma mère m’a changé d’école. Elle ne trouvait pas ça normal que sa fille de 8 ans veuille mourir. Je vivais beaucoup de tresse et de pression de la part de mon professeur qui s’était donné comme mission de réformer et de me faire entrer dans le moule. Mais elle était en train de me briser. Je n’allais pas réussir à entrer dans son moule. J’allais plutôt développer une phobie scolaire. Heureusement on m’a changé d’école. Beaucoup d’enfants vivent ce genre de problème à cause de l’école. Le garçon de mon ami est l’un d’entre eux. Il se sent mal de ne pas réussir à contenir ses paroles et actions, mais il est bombardé d’éléments déclencheurs de ses paroles et actions à journée longue. Un chien à qui tu tires les moustaches, les poils, la queue, il est normal qu’il réagisse. Il peut devenir insensible à ses «triggers», mais est-ce vraiment ce que nous voulons? Engourdir nos jeunes aux attaques qu’ils subissent. Comment pourront-ils se défendre dans la vie? S’ils se font intimider. S’ils sont témoins de harcèlement. S’ils sont engourdis, seront-ils capables de réagir?

Ce qu’ils ont besoin ce sont des moments et des endroits où ils peuvent décompresser, vivre leurs émotions sans jugement et être eux-mêmes.

La plus grande aide fut celle de mon conjoint. Il n’aime pas la violence. Et moi j’étais pleine de «violence» à l’intérieur. J’ai été élevé par les cris et des tapes, et j’ai appris à reproduire ce comportement. Avec les années je suis devenue de plus en plus positive et pacifique. Mais mon conjoint a réussi à désamorcer les derniers petits débris d’agressivités qui restaient. C’est sa façon de me parler qui on fait la différence. Avec des phrases comme «aimerais-tu ça si moi je te parlais ainsi?», «comment réagirais-tu si je te parlais comme ça?», «ne me chicane pas. Je n’aime pas ça quand tu me chicanes». Toujours avec un ton doux, relaxe et sans reproche. Parfois avec humour. Cette façon de m’aborder est non-violente. Même si je sais que je viens de hausser le ton ou de dire quelque chose de blessant, je ne suis pas accusée de mal agir. Je suis envoyée dans un mode de réflexion. Je réalise que j’ai changé quelque chose à mon volume ou mon débit de parole et il me ramène dans le moment présent. Il ne répond pas agressivement à mon attaque qui était inconsciente. Il me ramène à un niveau neutre, respectueux et agréable. Nous sommes donc capables de continuer à converser de façon plaisante pour les deux. Si j’ai besoin d’un temps pour réfléchir aux raisons de mon changement de ton, j’ai le droit de le prendre sans être jugée, sans avoir de pression.

Les éléments extérieurs que je ne contrôle pas. Parfois, je deviens irritée par des niaiseries. Je suis hypersensible sensoriellement. Certains matins je ne tolère pas le son des touches du clavier d’ordinateur de mon conjoint. Certains matins je ne tolère même pas le son de mon propre clavier. Pour les sons dont j’ai le contrôle, je peux simplement les arrêter. Mais plus souvent qu’autrement dans la vie on n’a pas ce contrôle : la sirène des camions à l’extérieur, le bébé du voisin qui pleure, un enfant qui a de l’énergie à dépenser, les gens qui bougent leur papiers en classe ou qui tapotent leur crayon sur le bureau. Et tant d’autres exemples possibles. Il faut vivre et laisser vivre me disait ma mère. Or, je ne vais pas empêcher mon conjoint d’écouter des émissions qu’il aime ou de ranger la vaisselle, car je suis irritable cette journée-là.

Ce qui ne fonctionne pas. De nombreuses choses ne fonctionnent pour moi. Me faire dire que tout ira bien : ça n’apporte pas de solution concrète. Me faire accuser d’être immature. Ça me fâche encore plus. Me faire reprocher des actions sur lesquelles je n’ai pas complètement le contrôle, car je suis en surstimulation sensorielle ne sont pas non plus une excellente idée : les sons, les odeurs, le toucher, la vue, avoir faim.

En gros, les situations dans lesquelles je ne me sens pas respectée. Où les gens se montrent, même si c’est involontaire, cruels et méchants. Les mots peuvent faire des dégâts et empirer la situation. La bienveillance a bien meilleure effet. Il faut penser aux mots que nous employons.

Parmi les solutions que j’ai trouvées.

1. Retourner dans la chambre avec mon déjeuner, mettre mes écouteurs ou le casque antibruit et faire les lectures dont j’ai besoin en attendant de me calmer.

2. Demander à mon conjoint s’il peut mettre ses écouteurs.

3. Aller prendre l’air pour me calmer.

4. Appliquer des techniques de respirations qui sont efficaces pour moi.

5. Dessiner. (faire une activité qui me détend)

6. Informer mon conjoint ou ami.e que je suis irritable. (surement le plus important)

7. Aller faire une sieste (le manque de sommeil est une cause fréquente)

8. Je n’ai pas de 8, mais bon, l’idée est qu’on peut trouver des moyens pour se gérer.

Tout ça pour dire qu’on peut réussir à vivre une belle vie et devenir une bonne personne malgré nos différences. Suffit d’être entouré des bonnes personnes et de connaitre les solutions possibles à nos difficultés.

Voilà. Je n’ai aucune idée si ce texte sera d’une aide pour quelqu’un. Mais si oui, vous pouvez me le partager <3

Courage. Ensemble nous y arriverons! <3

(ce texte est dédié à un dénommé Arnaud)

Paya Peste

3 réflexions sur “S’améliorer et se donner des solutions pour y arriver”

  1. C’est tellement intéressant à lire et surtout, ça donne de l’espérance pour tous ceux qui vivent une situation semblable (anxiété…). Bravo Paya, ça fait du bien de te lire!

  2. Je suis totalement d’accord. Je suis touché par ton humilité, chose qu’on ne voit pas souvent dans des témoignages. Ton blogue est super positivive. Merci!

    1. Merci =^.^=

      Mon blogue se veut comme étant une fenêtre positive sur les difficultés de la vie de tous les jours. Je parle au nom de l’autisme, mais aussi au nom de la diversité en général. Heureuse que ce texte t’ait plu <3

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