Une belle fin (ou un nouveau commencement)

Comment ai-je fait un BAC en danse en étant autiste?

Partie 4

Suite à un parcours scolaire difficile, je suis maintenant enfin diplômée et je pense éventuellement faire une maitrise. Car malgré les défis, en redoublant d’efforts, j’ai réussi à me qualifier pour accéder au 2e cycle. Magie. J’aimerais étudier la question de « L’apprentissage en danse, par rapport au mouvement, en lien avec l’autisme ». Cette recherche pourrait m’aider à mieux me comprendre dans ma façon d’apprendre le mouvement et ainsi peut-être devenir plus efficace, mais elle pourrait aussi aider d’autres personnes. Elle pourrait permettre à d’autres personnes comme moi d’avoir accès à la danse et s’épanouir à leur tour.

J’ai passé les quatre dernières années à lire, à m’informer sur le syndrome d’asperger et sur l’autisme. Il y a très peu d’informations poussées sur la motricité et la coordination. Du moins, j’en ai trouvé très peu.

Un BAC en danse est difficile pour n’importe qui qui veut le faire, handicap ou non. C’est difficile sur le corps, c’est exigent académiquement, sur le moral, sur la patience, sur le sommeil, sur l’ouverture d’esprit, sur la capacité de travailler en équipe. Il faut se lever tous les matins pour aller danser, même si on avait préféré rester coucher ce matin-là. C’est difficile, car on passe beaucoup de temps à se comparer aux autres, même si on ne devrait pas et même si on sait qu’il ne faut pas. Mais si on s’inflige ça tous les matins, 8 à 12 heures par jour de cours durant 3 ans (4 ans pour ceux en enseignement), en plus des travaux écrits et des lectures à faire, c’est qu’au final on aime ça.

La danse, je dirais que c’est ce qui m’a fait le plus grandir. Et je ne parle pas de croissance physique, car je ne mesure que 4″11′. Je parle de croissance intérieure et sociale. Aucun autre programme de permet ce type d’expérience sur un point de vue humain. 3 ans, à être tous les jours, tôt tous les matins, en vêtement mou, on s’est vu dans tous nos états. On a eu des rires qui n’en finissaient plus. On s’est vu pleurer et on s’est consolés. On s’est tapés sur les nerfs et il y a eu des froids. On s’est vu dans nos moments les plus vulnérables. Mais on s’est également tous vu progresser, grandir, améliorer. La richesse que cela m’a apportée est inestimable. J’ai trouvé là des collègues, des amis ; je me suis même fait des meilleures amies. J’étais farouche lorsque j’ai commenté mon DEC. Je l’étais un peu moins lorsque je suis arrivée au BAC. Mais aujourd’hui je suis à l’aise avec moi-même et avec les autres. Au final nous sommes tous bizarres à notre façon et nous apprenons à le prendre avec humour et à en rire.

Je ne suis pas moins autiste maintenant que je peux m’intégrer. Je me comprends seulement mieux. Mes profs ont encore des regards en « point d’interrogation » parfois lorsque je leur parle. Mais cela ne m’a pas empêche d’avoir de beaux commentaires de leur part et de recevoir de l’aide comme tous les autres pour m’améliorer. Je suis différente, mais ça ne change rien à ce que je peux accomplir. Je vais juste l’accomplir à un rythme différent. Je décale encore dans les conversations avec les autres lorsque nous sommes en groupe, sauf que maintenant j’en ris et ils embarquent avec moi, puis on rit tous ensemble. 

Le plus difficile en étant autiste, ce n’est pas l’autisme en soi, ce sont les gens autour de nous. On ne souffre pas de l’autisme, on souffre du regard des autres, de leurs commentaires, de leur jugement, de leur intolérance. Lorsqu’on trouve des gens acceptants, compréhensifs, qui nous prennent comme nous sommes, ça fait toute la différence. Les limites sont plus grandes et les obstacles sont moins difficiles. On peut se concentrer sur nos forces plutôt que sur nos défauts. Si je n’avais pas l’entourage que j’ai présentement et si je n’avais pas eu la famille que j’ai, je n’aurais probablement jamais eu confiance en moi et je n’aurais surement pas accompli ce que j’ai pu accomplir. Même avec la tête dure que j’ai et ma persévérance, si les gens n’avaient pas cru en moi et qu’ils ne m’avaient pas aimé comme je suis, je n’y serais pas arrivée. (Je n’ai pas eu une enfance rose à la maison by-the-way. Simplement, en prenant du recul j’ai appris à voir le positif dans les difficultés, à reconnaitre que certains obstacles m’ont aidé à avancer et j’ai pu apercevoir les chances que j’avais, à travers les malchances).

Les critiques constructives m’ont aidé à prendre conscience de mon caractère parfois dur et de mon impatience, mais on m’a laissé rester moi-même. Personne n’a essayé de me changer. On m’a seulement aidé à faire des choix pour atteindre mes objectifs et pour m’aider à devenir une meilleure personne. J’aimerais faire la même chose pour les autres à mon tour. Je trouverai surement ma voie à travers la danse et l’illustration.

Paya Peste

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